JEAN-MICHEL TIXIER

Cet autodidacte qui n’a jamais suivi un seul cours de dessin a quitté Limoges pour Paris en 1998. Il est rapidement repéré en illustrant les pochettes d’album d’amis musiciens. Et c’est l’album “A whisper and a sigh” du groupe Syd Matters dont il a réalisé la pochette en s’inspirant du travail de Roland Topor qui attire l’œil. En intégrant l’agence Talkie Walkie, Jean-Michel voit sa carrière faire un bond en avant et ses dessins illustrent un panel conséquent de marques comme la Fnac, Orange, Hermès, Kenzo ou encore récemment Lacoste.

Abordé par “M”, le magazine le Monde, Jean-Michel obtient rapidement et ce durant plusieurs années sa chronique hebdomadaire où il réagit à l’actualité de la semaine du bout de son pinceau. L’originalité de son travail lui vaudra même d’illustrer le premier tour des présidentielles dans le New York Times.

La genèse d’un style

S’il raconte n’avoir jamais suivi un cours de dessin, Jean-Michel reconnait lui-même qu’il s’entraîne toujours régulièrement à dessiner des chaussures ou des mains pour se perfectionner : “l’important pour moi c’est de raconter une histoire, pour la forme, je trouve une astuce” s’amuse-t-il.

L’artiste a sa propre manière de concevoir dessin : s’il préfère faire fi des décors, Jean-Michel s’intéresse beaucoup plus à l’histoire.

“Ce qui m’intéresse c’est de pouvoir raconter quelque chose de fort avec le moins de détails possibles. Je ne recherche pas forcément à ancrer un sujet dans le réel, un simple personnage suffit grâce à la manière dont il est vêtu ou encore ce qu’il fait” Jean-Michel Tixier

Quid du processus de travail ? Jean-Michel reçoit un sujet, qu’il préfère libre d’ailleurs. Après l’avoir parcouru, il peut passer une journée sans toucher un crayon afin de visualiser et s’imprégner de l’histoire avec des mots. “J’ai besoin d’écrire, je raconte par mon seul dessin l’histoire des personnages”. Et ces personnages sans âge ont la particularité adroite de ressembler à personne et tout le monde à la fois. “Je rentre un peu dans la tête du personnage, je le comprends. Et je cherche à incorporer un petit détail que parfois seul moi peut voir, comme des chaussettes de couleurs différentes par exemple”. Et quand il s’agit d’une commande précise, le dessinateur avoue lui-même préférer un simple titre à un long briefing.

S’il a déjà collaboré avec des vignerons pour illustrer les bouteilles ou encore des cuisiniers, Jean-Michel réalise en ce moment un projet en partenariat avec la fameuse enseigne food « Bouillon Pigalle » pour leur communication. Après plusieurs expositions à travers le monde, dont une très remarquée à l’illustre boutique Colette à Paris en 2016, Jean-Michel envisage d’exposer à nouveau en alliant cette fois-ci dessins mais également objets incongrus à l’image de son travail, car, comme il le dit lui-même : “Pour ma prochaine expo, il n’y aura pas que du dessin. J’aimerais qu’on rentre vraiment dans mon cerveau et je ne veux pas me limiter qu’au 2D”.

Instagram : @jeanmicheltixier